[Ecrits] Poèmes à Maogirl...
18 avril 04 09h41
Yves-49
PREMIER POEME A MAOGIRL :
- ACROSTICHE -
M ême si tes yeux se lavent parfois de tristesse
A l’automne des émotions de ta jeunesse,
O n discerne une vague balayant leur couleur
G ravissant les rochers, apportant le bonheur.
I nquiète, passionnée, tu te penches et écris,
R eposant sur ton reflet, chaque mot revit,
L ançant le destin dans un savoureux défi.
Angers, le dimanche 18 avril 2004.
18 avril 04 09h44
Yves-49
DEUXIEME POEME A MAOGIRL :
"FIN D'UNE JOURNEE"
Le jour passe
Et la Lune dans son ombre
Appelle l'être
Elle appelle à être
C'est le cri de l'oiseau noir
Qui tombe dans un fracas de fin
Dans un bonheur de début
La Lune apparaît...
Le Soleil s'éteint
Il prend peur
Il a "la frousse"
Il a peur du froid
Du jaune entre les ombres noires
Celles des chaînes des lassitudes grises
Il y a comme un trop de noir.
Angers, le dimanche 18 avril 2004.
18 avril 04 09h46
Yves-49

TROISIEME POEME A MAOGIRL :
Tes yeux me disent que la lumière ne disparaîtra jamais,
Pour ta seule vie, le monde ne s'effondrera pas.
Tant que tu respireras, il y aura des fleurs dans les bois,
Tant que tu rompras le silence, le temps gardera ses traits.
Tes cheveux qui tombent en boucles demeureront
Dans les boucles des nuages d'été.
Le vert automne de ton regard dans les prés
Fera danser les enfants en rond.
Les genêts qui chantent leur couleur en silence,
Maogirl qui lit le chant du cœur dans le calme,
Une ombre passe dans la nuit de ton âme :
C'est celle d'une enfant qui s'en va et qui danse.
Les orages cessent de faire trembler le chant du soir,
Derrière les pas que tu traces dans la neige.
Dans la glace des cœurs qui nous protège,
Tu lèves le lourd rideau du désespoir.
J'aimerais connaître ta vie dans le noir du soir,
Sous les étoiles dans le ciel encore plein d'espoir,
Tu sais, avec ces petites choses qui brillent,
Voir ton regard éteindre les lueurs de la ville.
Angers, le dimanche 18 avril 2004.
18 avril 04 09h48
Yves-49
QUATRIEME POEME A MAOGIRL :
Il neige et le ciel est mal habillé
De couleurs mal à propos
Comme s'il aimait les clichés de la tristesse
Et du temps qui passe
Sur on ne sait quoi
Sur on ne sait qui
C’est l’heure où le bedeau sonne l’Angélus
Où l’on fait chauffer la soupe
Les marrons seront bientôt chauds
Et le soir plus froid qu'hier.
"Rien à signaler"...
Si ce n'est ce flocon qui fond si vite
Sur la vitre
Ou l'espace qui se fend si mal
Par ce temps
Quand on ne peut pas goûter aux heures
A s'en foutre plein le cœur.
Angers, le dimanche 18 avril 2004.
18 avril 04 09h50
isis
et bien Yves!!!!!!! tu as bien dormi à ce que je vois!!!!!
merci pour ces sublimes lectures!!!!
18 avril 04 09h52
Yves-49
CINQUIEME POEME A MAOGIRL :
Si tu pouvais sentir aujourd'hui le soleil
Et la brise légère qui court sur les genêts !
Ils viennent comme pour chasser les ombres du regret
Et les larmes de mes nuits et de ton sommeil.
Blotties l'une contre l'autre, deux petites fleurs vermeilles
Se laissent caresser. Comme des perles simples et gaies,
Elles ornent la terre d'un regard tellement discret
Qu'après la longue nuit à peine tes yeux s'éveillent.
Lentement tes paupières s'entrouvrent à leur couleur :
C'est celle aussi de ton sang qui gonfle mon cœur
Et c'est celle des souffrances, de la joie, de l'amour...
La brise agite parfois plus fort chaque fleur
Mais elles sont si petites au milieu de la peur
Qu'elles ne bougent pas. Seraient-elles là pour toujours ?
Angers, le dimanche 18 avril 2004.
18 avril 04 09h54
Yves-49
SIXIEME POEME A MAOGIRL :
La moutarde monte au nez du désir
Et les larmes vont bientôt couler
Le regard se fixe et s'éteint avec lui-même
Un corps ivoire à portée de la main
Pesanteur et tous les parfums du monde
Plus rien n'existe ni même cet être
Où tout se confond s'arrête et fuit.
La respiration se décroche de sa mécanique
Et soulage le mal de vivre
La douleur deviendrait le moindre des tourments
Pourvu que les sens restent en éveil
Le frisson s'irrigue d'un sang nouveau
Le cordon ombilical est coupé
Et le désir se jette dans l'abîme
Choc où il fait bon voler sans sentir tous les rochers
Qui hors de cet instant si long à quitter
Casseraient les os dans une souffrance oiseuse.
Il n'est plus question d'amour
L'amalgame de pantoufles et de souvenirs
Ne parvient à boucher le volcan
Qui n'explosera pas aujourd'hui.
Le désir est trop fort
La lave est trop abondante.
Angers, le dimanche 18 avril 2004.
18 avril 04 09h55
isis
mais qui est Maogirl, Yves??
18 avril 04 10h01
Yves-49
SEPTIEME POEME A MAOGIRL :
Secondes hors le temps et le monde fut créé.
Accélération d'atomes et d'incertitudes
Naviguant, courageuse, vers le froid le plus rude,
Demain, nature, qui pourra te remercier ?
Rocailleux, le chemin est à peine ombragé,
Incendié par la danse des arbres qui le raturent.
Nourries de soleil et d'ombre, les odeurs délurent
Et éblouissent le sous-bois et ses fleurs fanées.
Le carnaval de l'obscur et de la lumière
Unit les volontés d'être et n'en fait qu'une seule,
Mouvance du désir qui renaît de l'hiver,
Impérieux message laissé au fond de la terre,
Nourrissant le partage des êtres qui veulent
Eterniser l'instant sans regard en arrière…
«Adempto, adpropinquante morte cor a silentio verba vindicat.» *
(* : «La lumière étant ravie, à l'approche de la mort, le cœur arrache les mots au silence»).
... Il est dommage que je ne puisse pas écrire en grec avec mon clavier... J'ai écrit un "poème" dans cette langue à Maogirl...
Angers, le dimanche 18 avril 2004.
18 avril 04 10h11
Yves-49
ISIS :
Maogirl est une fille du forum qui a écrit hier un magnifique poème dans la rubrique "La poésie, parlons en...". Je lui ai dit que je lui écrirais un "poème"... Et finalement, je lui en envoie sept... Je ne la connais pas spécialement, mais ce qu'elle écrit dans les différentes rubriques témoignent de son intelligence et de sa grande sensibilité. Je suis certain qu'il s'agit de surcroît d'une "super et superbe minette"... Je me suis effectivement levé à deux heures du matin pour écrire, jusqu'à 9 heures, ces quelques "poèmes". La musique m'a beaucoup aidé (de Mozart au rock'n roll, en passant par Jacques Brel et Serge Moustaki).
18 avril 04 11h56
isis
tu n'écris que par un certain principe de fantasme si je comprends bien. C'est une idée. en tout cas je ne sais pas comment tu fais, mais tu es un être tout de même très particulier et talentueux. C'est magnifique.
Pour ma part il faut que je prenne le temps d'écrire le mien sur le forum. Juste quelques lignes... promis je te ferai ce cadeau...
18 avril 04 18h40
Maogirl
Arrêtez de me faire rougir!!!
Bon, comme tu m'as dit de perseverer, Yves, j'ai écrit un autre poème, mais je le trouve pas super bien:
Lorsque je te vis
D'un regard tu m'effleura
Et j'ai vite compris
Que s'imisait en moi
Une nouvelle sensation, inconnue, incomprise,
Qui, l'espace d'un instant
Me laissa toute surprise
Pleine d'une énergie...ç'était déconcertant
Je restai là, assise
L'air rêveuse...amoureuse?
Car tu m'avais comprise,
Je croyais être heureuse
Mais cette belle émotion, celle qui venait de naître
Ne dura, hélas, qu'un moment, plein de grâce
Juste le temps de te voir disparaître
Ne laissant derrière toi nulle trace...
18 avril 04 20h06
Yves-49
MAOGIRL :
D'abord : il faut me tutoyer... Bravo pour ton poème ! Il y a chez toi beaucoup d'élégance. Méfie-toi cependant de "l'écriture automatique", même si elle est à la mode dans la poésie contemporaine. En prenant un peu plus de temps, tu arriverais facilement à créer des phrases encore plus harmonieuses. Je dis ça, mais j'ai moi aussi encore beaucoup à apprendre... Si tu veux, nous pourrions en parler "en privé". Je t'autorise à récupérer mes coordonnées (adresse de messagerie ; adresse MSN) auprès des administrateurs. Si tu ne sais pas quoi me dire, envoie un message vide. Je répondrai pour engager une franche conversation.

19 avril 04 17h39
Maogirl
Je n'ai pas vraiment le temps en ce moment, mais je verrai...
Sinon, si je fais de la poésie "automatique", c'est parce que je n'ai eu l'occasion d'aborder la poésie que sous un abord scolaire...
Je vais mettre un autre poème que j'ai écrit il y a assez longtemps:
Un homme meurt,
Une étoile s'éteint.
Un homme naît, en pleurs,
Une autre se rallume.
Ainsi la voûte céleste,
Maître de nos destins
Protège, c'est certain
De ce monde la douceur
D'une lueur qui s'allume
Et de nos poids se leste...
19 avril 04 18h02
Yves-49
C'est très beau, Maogirl... Bravo !
20 avril 04 19h53
Maogirl
"Tes yeux...
Des yeux grands, ouverts, chaleureux...
Tes yeux me font pâlir d'amour
Me dévisageant d'un regard sans détour
Je te le retourne,
Et soudain, en moi,
Une faille se creuse, de toi me détourne
Une faille immense dans laquelle, sans lumières
Je me perds.
Mais deux sources lumineuses
Viennent à mon secours,
Deux lampions, dans l'obscurité brumeuse
Rien d'autre que tes yeux pleins d'amour..."
*** 20 avril 04 20h16 : message édité par Maogirl ***
07 mai 04 20h20
Maogirl
Yves: encore une fois, merci!
"Aujourd'hui je me lève,
Et toute émerveillée
Je regarde sans trève
L'aube colorée
Cette aurore boréale,
Qui défile dans mes yeux,
M'enveloppe d'une aura, d'une spirale
Qui m'emmène en haut des cieux.
Me voilà, dansant dans l'air
Soulevée par cette lumière,
Mystèrieuse, mais si réelle
Qu'elle m'emplit, spirituelle,
D'un souffle de bonheur spécial.
Mais...voilà que soudain,
Lors de mon voyage astral,
Toute la magie s'éteint,
Et me réveillant enfin,
J'appercoit l'aube idyllique,
Elle s'éteint, angélique..."
*** 08 mai 04 17h17 : message édité par Maogirl ***
08 mai 04 19h18
Yves-49
Maogirl :
Du haut de tes presque 13 ans, tu as énormément de talent (par rapport à d'autres plus âgés qui écrivent ici...). J'aime bien les "retombées" que tu fabriques avec les mots...
Il y a longtemps que je ne t'ai pas écrit de "poème"... Il va peut-être falloir que je m'y mette !

08 mai 04 20h04
Yves-49
Maogirl :
Ma souris tactile refuse ce soir d'éditer : j'écris donc un second message...
Ton poème est aussi l'expression d'une grande sensibilité. Les rimes ne sont pas lourdes. Tu as manifestement de sérieux dons littéraires !
Pour demain : BON ANNIVERSAIRE !

09 mai 04 15h05
Maogirl
Merci Yves! J'espère bien que j'ai réellement des dons littéraires, car j'aimerai bien écrire des romans...peut-être que je les mettrais dans Boolsite, qui sait!

10 mai 04 18h36
Maogirl

Voici une nouvelle que j'ai écrite en début d'année, sur le thème du fantastique. J'aimerai savoir ce que vous en pensez...si toute fois vous avez le courage de la lire!
"Avant tout, je vous demande de croire mon récit, car jusqu’ici, on m’a prise pour une folle.
C’était en automne 1942, en pleine guerre mondiale. J’étais une petite fille de six ans, bien élevée, autonome et sage, malgré la terreur qui s’emparait chaque jour un peu plus de moi. En effet, mon père était parti combattre les allemands, et je savais qu’il était, au moment même où je pensais à lui, impliqué dans une bataille sanglante ou tout simplement tué par les ennemis. Or, sans lui, nos ressources et nos vivres s’épuisaient peu à peu. Nous disposions fort heureusement d’un puits situé à quelques kilomètres de chez nous, mais le trajet était long et, chargés d’eau, il nous le paraissait encore plus.
Quand je dis nous, je pense à ma mère, qui était une belle et mystérieuse jeune femme. Elle avait la peau mate, de longs cheveux d’un noir d’ébène et des yeux d’un brun si profond que l’on avait l’impression de s’y perdre. Elle répondait au doux nom de Carmélia , était gentille et généreuse mais très secrète. Elle ressemblait à une gitane (elle avait des ancêtres Tziganes), ce qui n’était pas au goût de tout le monde. En effet, les autres habitants du hameau dans lequel nous vivions la détestaient, la traitaient de sorcière et la lynchaient dès qu’elle mettait le nez dehors et, par conséquent, nous étions isolés dans notre maison, grande, certes, mais vide et délabrée depuis que nous avions dû vendre tous nos meubles afin d’acheter de la nourriture. Je fais aussi allusion à mes deux grands frères, Frédéric et Thomas. Le premier, alors âgé de dix ans, était un rouquin au visage constellé de tâches de rousseur, assez mignon il faut dire, mais horriblement égoïste et menteur. Thomas, lui, était plus sympathique que mon autre frère. Il avait deux ans de plus que lui. Ses cheveux étaient châtain clair, et ses yeux verts en amande. Et enfin il y avait moi, Marine. Petite fille blonde aux yeux d’un bleu aussi intense que celui de la mer des Caraïbes, je ressemblais beaucoup à mon père.
Voilà, vous connaissez à peu près ma famille.
Un jour que les villageois avaient été particulièrement violents avec elle, ma mère décida de m’envoyer chercher de l’eau au puits. Comme je connaissais le chemin, elle me laissa y aller seule. Sur le sentier, je croisai des lapins et des biches qui couraient en sens inverse, comme si ils fuyaient quelque chose ou quelqu’un d’étrange, d’inquiétant qui s’était aventuré dans la forêt…, me dis-je intérieurement. C’était inhabituel, cependant je trouvais rapidement une explication rationnelle pour cacher ma peur : J’étais angoissée car c’était la première fois que je faisais ce trajet seule, du coup n’importe quel lapin qui courait me faisais sursauter, or quoi de plus normal pour un lapin que de courir ? Oui, mais tout de même, des biches…Je me remis à marcher et j’oubliai vite cet incident. La nuit tombait, mais je continuais à progresser à travers le chemin sinueux et accidenté. Une branche craqua derrière moi, et je me mis presque à courir au milieu des arbres tordus qui me faisaient penser à des fantômes. Une chouette hulula soudain, brisant le silence inquiétant qui s’était installé. J’étais habituée à ce bruit, que je trouvais même amusant lorsque j’étais assoupie, bien au chaud dans mon lit, pourtant cette fois-ci je me mis à trembler.
Tout d’un coup, j’aperçut une silhouette de bâtiment, se découpant dans le ciel vaguement coloré, entourée d’une brume épaisse. Je frissonnai : ce…cette église, car s’en était une, n’était pas là la veille ! Je tentai encore une fois de me raisonner. J’avais dû m’égarer, me tromper de sentier, ce qui expliquait du même coup la fuite des animaux et l’aspect particulièrement sinistre de la route. Je ne parvins pourtant pas à me convaincre. Je rebroussai chemin, du moins j’essayai, mais j’avais une envie irrésistible d’entrer dans l’église. J’éprouvai une délicieuse sensation, mélange de curiosité et d’anxiété, ce qui me surpris au plus haut point. Et ce fut comme si je ne pouvais plus me contrôler : je me ruai sur la porte. Elle était magnifique, apparemment en chêne, ornée de diverses sculptures en or pur. Mon regard s’attarda sur une gravure, au centre de la porte. Elle représentait un prêtre en tenue de cérémonie, les mains jointes tendues vers le ciel, mais son regard méchamment tourné vers…moi. Ses mains et sa tête étaient assez frêles mais dans son ample costume, je ne pus distinguer si il était vraiment maigre. Ce dessin me faisait froid dans le dos, et j’avais la désagréable impression que c’était lui qui m’avait attirée en ce sinistre endroit. Comme de le regarder ne faisait qu’accroître ma peur, je me risquai à l’intérieur. La porte menait dans une immense salle avec un plafond en arc. Mal à l’aise dans tant d’immensité, je jetai un coup d’œil circulaire dans la pièce, observant attentivement chaque recoin, craignant de voir surgir un assassin. Personne ne se montra, aussi je m’approchai lentement de l’autel. Il était richement décoré et en son centre…stupeur ! Un curé était gravé, toujours le même, même regard, même position, mêmes vêtements. Je frissonnai d’effroi. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà retrouvé seul, la nuit, dans une grande église, au milieu d’une forêt et qui plus est en temps de guerre. Si c’est le cas, vous comprenez sûrement ce que je ressentais :
De la peur, de la solitude et le besoin urgent d’être rassurée.
Une pâle lumière, provenant sans doute de la Lune, était filtrée par les différents vitraux, ce qui rajoutait à l’ambiance fantastique et terrifiante du décor. Paralysée par la peur, je demeurai un moment sans bouger, attendant que des pas résonnent sur le sol propre et froid et que ma mère apparaisse en me susurrant à l’oreille de sa voix chantante :
« N’aie pas peur, ce n’était qu’un cauchemar… »
Combien de temps restai-je là ? Trente secondes ? Vingt minutes ? Une heure ? Je ne saurais le dire…Toujours est-il qu’au bout d’un certain temps, je vis une petite lueur scintiller dans un des vitraux. Dans une œuvre qui représentait justement … le même curé ! Je commençai à sérieusement m’inquiéter. Pourtant j’allais voir en dessous et j’aperçus une petite plaque dorée, qui racontait visiblement la légende du curé. Je ne savais pas bien lire, car je n’avais jamais mis les pieds à l’école, mais j’en compris néanmoins l’essentiel, et cela je le devais à mon père qui m’avais un peu enseigné le français. Elle se résumait à cela :
« Un clerc a été enfermé dans ce sanctuaire par des révolutionnaires en 1789, et on l’a laissé mourir de faim. Depuis, tous les ans, le 24 octobre, il revient avec son église qu’il hante jusqu’à ce que minuit sonne, et quiconque s’y aventure est dévoré, car s’il y a une chose qui ne doit plus lui arriver, c’est de mourir de faim. »
Cette fois, je me mis à paniquer pour de bon. Si la légende était exacte, je vivais mes derniers instants avant d’être dévorée ! Quelque chose d’inexplicable me poussa cependant à regarder le vitrail de plus près. Comme il se trouvait un peu trop haut pour que je puisse le contempler à mon aise, je décidai de monter sur le bénitier en pierre situé sur le mur voisin. Curieusement, il était plein d’eau alors que l’église semblait abandonnée. Et je vous laisse deviner ce qui était gravé dessus. Donc je montai sur le bénitier, mais celui-ci céda sous mon poids pourtant léger depuis le début de la guerre. Ce qui se passa alors fut tellement extraordinaire (mais pas forcément dans le bon sens du terme) que j’ai moi-même du mal à y croire : l’eau bénite qui avait giclé hors de son conteneur tomba sur une sorte de passerelle, jusqu’ici invisible, la révélant ainsi à mon regard. Elle menait au vitrail. Toujours poussée par la curiosité, j’inspirai profondément puis pris mon courage à deux mains et montai sur cet obstacle. Je parvins à maintenir mon équilibre en m’appuyant sur le mur humide et froid, cependant je faillis tomber à plusieurs reprises, et me concentrais sur l’alignement de mes pieds. Je finis par toucher au but, saine et sauve. Obsédée par le vitrail, je le contemplai un moment en silence puis j’approchais doucement ma petite main du visage du prêtre. Mais lorsque je le touchais, elle passa à travers comme si c’eût été de l’eau. Surprise, je tentais de la retirer mais une force invisible me tira violemment en avant et je basculai dans l’univers coloré du vitrail.
Assommée, je mis quelques secondes avant de réaliser où j’étais. Je me trouvais dans une petite pièce, de la taille d’une chambrette, en forme de cube. Sur toutes les parois de ce «cube » au centre duquel j’étais assise, un curé était représenté, toujours le même. Ces parois étaient en verre. Non, pas en verre, en vitrail ! En baissant les yeux, je faillis m’évanouir : je me trouvais à au moins quatre mètres de hauteur ! En essayant de ne pas regarder à travers le sol opaque, j’examinai minutieusement tous les angles, tous les recoins. Rien, pas d’issue. Soudain, j’eus une idée : j’étais entrée par un «mur », je pouvais logiquement ressortir par la même voie. Mais à présent, rien n’était logique…Je les essayai tous un par un, mais pas moyen de quitter cet endroit sordide. J’étais prisonnière. C’était un piège et je m’étais bêtement fait prendre. Une question, que je cherchais pourtant à chasser de mon esprit, me vint, comme s’imposant à ma pensée : « Puisqu’il n’y avait personne, qui m’avait donc tirée ? » Un cri lugubre, semblant provenir des entrailles de la Terre me tira brusquement de mes réflexions. Le spectre…il arrivait ! Dès lors, tout se passa très vite. Je me souviens du prêtre (hideux et transparent) fonçant vers moi, d’une détonation horriblement bruyante, d’un tourbillon de couleurs et puis…plus rien, le vide. Minuit…
Après une chute de quatre mètres de haut, vous pouvez imaginer l’état dans lequel je me trouvais. Je me relevai avec peine, mais une vive douleur à la jambe me fis chanceler. J’allai perdre l’équilibre lorsque quelqu’un me fonça dessus et me rattrapa juste à temps. Avec tout ce qui m’était arrivé, je n’avais plus la force de me débattre, même si je craignais que ce fut un voleur, un soldat allemand ou autre personne mal intentionné, aussi je me laissai faire. Une fois calmée, j’entrepris de dévisager celui qui m’empoignait. C’était un garçon de taille moyenne, doté de cheveux sales, sombres et mi-longs. Il avait un teint très pâle, presque blanc, et des yeux intensément noirs, cernés par la même couleur. Sa personne tout entière semblait d’un film en noir et blanc tant le contraste était grand. Il finit par me lâcher, et j’eus l’intuition qu’il ne me voulait pas de mal. Histoire d’engager la conversation, je lui demandai :
« Quel est ton…enfin votre prénom ? Dis-je, ne sachant pas si je devais lui parler comme à un adolescent ou comme à un homme, car je n’arrivais pas à lui donner un âge.
- Je m’appelle Samuel, j’ai treize ans et je suis juif, me déclara t- il d’une voix rauque. C’est pour cela que je me cache et que je suis si maigre. Et tu peux me tutoyer, ajouta t- il malicieusement.
- Ah ? Dis- je, impressionnée. Moi, c’est Marine, j’ai six ans et mon père est parti combattre les Nazis. Ecoute, il m’est arrivé une aventure incroya…
- Je sais ! Me coupa t- il, j’y ai assisté ! »
Et il se mit à me raconter que lui aussi, il avait été attiré ici, et qu’il était resté longtemps béat d’admiration devant la porte, mais que lorsqu’il avait eu l’intention de la pousser, elle avait disparu ainsi que le reste du bâtiment.
Je n’écoutai son récit que d’une oreille distraite, et me surpris en train de le scruter. Je détournai honteusement les yeux. C’est vrai qu’il était maigre, ses habits étaient en lambeaux et il marchait pieds nus. Apitoyée par tant de souffrance, je lui proposai :
« Voudrais-tu que je t’héberge un moment si tu n’as nulle part où aller ? Je suis sûre que maman sera d’accord ! »
Après un long moment de réflexion, il déclara :
« J’accepte ton offre avec plaisir et te remercie du fond du cœur. »
J’étais rassurée de ne plus être seule et contente d’avoir un nouvel ami.
Je m’était apparemment fracturée la jambe, aussi je m’appuyai sur lui, mais je faisais des efforts considérables pour marcher correctement. Nous continuâmes ainsi, lentement. Nous étions arrivés à la lisière de la forêt lorsque l’horrible accident arriva. Samuel se mit à suffoquer, tomba à genoux, se tint la gorge à deux mains et, après de brèves convulsions, il mourut. Je me penchai précipitamment vers lui, pensant qu’il me faisait une farce, mais lorsque je vis qu’il ne respirait plus, je m’effondrai à mon tour en sanglotant. Je pleurais longtemps, longtemps, mais comme cela ne servait à rien, je finis par m’éloigner du cadavre, l’abandonnant à son triste sort. J’avançai aussi vite que me le permettait ma jambe, mais ne parvins à la maison qu’à l’aube, et dans un piteux état. Ma mère se dépêcha de m’allonger, me donna un somnifère et appela le médecin. Il était entrain de me soigner lorsque je rouvris les yeux, et quand je lui racontai mon histoire, il l’attribua à la forte fièvre que j’avais attrapée et dit à ma mère de ne pas s’inquiéter de mon délire.
« Peut- être avait- il raison, me dis- je un peu plus tard, j’ai du rêver… » Mais au fond de moi, je savais que c’était faux. Ne sachant plus où était la limite entre le rêve et la réalité, je sombrai peu à peu dans la folie. Lorsque je croisais un chat noir, je sortais le crucifix que je gardai toujours sur moi, les vendredis treize, je remplissai la maison de gousses d’ail et si je passais sous une échelle, je priais Bouddha le reste de la journée. Enfin bref, je mélangeais tout. Au bout de six mois à ce rythme, ma mère, ne pouvant supporter autant de pression, s’engagea comme infirmière dans l’armée et je ne la revis jamais. Mes frères décidèrent alors que s’en était trop et me firent interner à l’hôpital psychiatrique le plus proche. J’y passai deux longues années, seule au milieu des fous qui ne cessaient de hurler, à me morfondre dans ma cellule, sans aucune distraction. Enfin, je pus sortir. Mes frères m’attendaient chez moi. La guerre était presque finie, j’étais guérie et heureuse. Nous étions le vingt quatre octobre. Sur mon lit, je trouvai un parchemin avec cette inscription :
CUM DEFUNCTUS ERO, CRUCIATUS TUUS CIBUS MEUS ERIT.
Etonné, je le donnai à un ami de mon frère qui était très doué pour le latin en lui demandant de me le traduire pour la semaine suivante. Puis, comme j’étais épuisée, je me couchai bien au chaud sous l’épais édredon garni de plumes qui me servait de couverture et commençai à m’endormir. Mais presque aussitôt, un cri me réveilla, le même que dans l’église. Il y en eu un, puis deux, puis trois, puis cela ne cessa plus. Je ne pus fermer l’œil de la nuit. Ce que je ne savais pas, c’est que je ne pourrais plus fermer l’œil de ma vie…
Cela faisait cinq jours que le vingt quatre octobre était passé et que toutes les nuits, les cris revenaient lorsque Paul, l’ami de Thomas, passa me voir :
« - Désolé de te déranger, dit- il, mais j’ai traduis ton texte. Le voici :
« Lorsque je serai mort, ton tourment sera ma nourriture . . . »Voilà, alors, j'attends vos avis...j'ai un peu peur de les affronter alors ne me jugez pas trop sévèrement,ok?
*** 10 mai 04 19h33 : message édité par Maogirl ***
10 mai 04 21h15
isis
Tu peux me rappeler ton âge?
10 mai 04 21h21
Zarno
Attention, Maogirl, tu vas te prendre un compliment de Isis dans la tête ! Et crois moi, on s'en remets pas facilement

Moi je lirais plus tard, parce que je suis en exam cette semaine alors bon faut que je me couche tôt ce soir

10 mai 04 21h23
dark_crystall
Puisqu'au moins personne n'a descendu mes compliments

je le dis... J'adore !!!... Tu l'as fait en combien de temps ? C'était pas en cours en temps limité quand même ?
10 mai 04 22h03
isis
isis a écrit : Tu peux me rappeler ton âge?
Tu peux répondre stp?
10 mai 04 22h09
dark_crystall
elle a 13 ans depuis hier

10 mai 04 22h56
isis
Alors Maogirl, voilà mon modeste, car complètement incompétent, avis:
J'ai eu froid dans le dos, j'ai été émue, tout ce que j'aime...
Ton style est fluide, clair et direct, une délicieuse lecture que je ne manquerai pas de réitérer dans les jours qui viennent...
J'admire ta culture et ton sérieux, en total désaccord avec ton âge (c'est un compliment lol)
Mais, Maogirl, essaye de ne pas vieillir trop vite, tu me fais un peu peur...
Merci beaucoup en tout cas...
11 mai 04 05h08
Yves-49
Maogirl :
Je réitère la remarque que je t'ai déjà faite : tu as un don pour "les lettres"... Continue à le cultiver !
11 mai 04 16h38
vigi
(Tiens isis et Yves-49 d'accord sur un point ... (bon oki

)

)
*** 11 mai 04 16h38 : message édité par vigi ***
11 mai 04 17h38
Maogirl
Lol Vigi!Merci beaucoup de ton "modeste avis" isis et de rien! Merci Yves aussi, et dark...d'ailleur, pour te répondre (Dark, pas Isis!)j'ai mis trois jours à mettre au point cette nouvelle et le délai était de deux semaines (que j'ai utilisées pour la recopier à l'ordi...)donc non, ce n'était pas pendant un seul cours, et heureusement!
*** 11 mai 04 19h44 : message édité par Maogirl ***
12 mai 04 12h03
Maogirl
comme vous avez été gentils, je crois que je vais vous en écrire une autre, de nouvelle...lol!Mais il faut déjà que je trouve un sujet!(si vous avez des idées...)
*** 12 mai 04 18h08 : message édité par Maogirl ***
13 mai 04 20h11
Zarno
J'ai lu ta nouvelle.
Que dire sinon qu'elle est vraiment passionante, qu'elle accroche du début à la fin, que les images comme les actions sont parfaitement décrites, que l'histoire ne s'enferme dans aucun cliché (et pourtant vu le thème, le dérapage aurait pu être rapide).
Cependant, parce que je ne veux pas non plus crier d'éloge sans faire de remarques qui pourraient s'avérer constructives, j'ai tout de même remarqué quelques incohérences, et quelques passages où l'enchaînement se fait trop rapidement et aurait eu besoin d'être davantage posé.
Mais je chipote

Continue vraiment, tu as en tout cas la sensibilité et la technique requises pour ce genre d'exercices

*** 13 mai 04 20h13 : message édité par Zarno ***
13 mai 04 20h14
Maogirl
C'est très gentil!
Et pour les incohérences et les enchainement, c'était ma premiere nouvelle, donc je n'étais pas vraiment entrainée
13 mai 04 20h15
intelli1
y'en a qui sont chanceux des poèmes !!! (moi, j'en ai pas, mais bon, c'est normal, Yves-49 est de nature galant avec les femmes pas les hommes !!!)
13 mai 04 20h19
Zarno
intelli1 a écrit : (Yves-49 est de nature galant avec les femmes pas les hommes !!!)J'avais cru remarquer oui

@Maogirl : Oui c'est normal, t'en fais pas, ct juste histoire de chipoter

*** 13 mai 04 20h20 : message édité par Zarno ***
17 mai 04 11h58
Yves-49
HUITIEME "POEME" A MAOGIRL, humoristique (je ne suis pas tout à fait comme ça...) :
- "Mais où va-t-il ?" -
Il prend son parapluie pour aller sous la douche
Il douche son râteau pour se raser
Il rase les champignons sous un parasol
Il ensoleille son courrier avec du papier journal
Il prend son marteau pour cueillir des roses
Il martèle de ses pas les rues en comptant les poubelles
Il promène un papillon au bout d’une ficelle
Il ficelle son gigot dans une chaîne de vélo
Il va au marché pour y trouver un ange
Il prend sa voiture pour tirer sa brouette
Il s’en va chercher des cailloux ronds
Pour arrondir ses fins de mois
Il se couche habillé quand le jour se lève
Il met ses bottes pour aller rencontrer sa bien-aimée
Il branche son ordinateur dans ses trous de nez
Et il croit être un poète grâce à Internet…
Angers, le jeudi 13 mai 2004.
*** 17 mai 04 12h59 : message édité par Yves-49 ***
25 mai 04 17h47
Maogirl
merci Yves!

Et si vous voulez tout savoir, je suis en train d'écrire une autre nouvelle...dans un genre complètement différent! Je la mettrais peut-être...si vous voulez...
25 mai 04 22h20
isis
Et bien Maogirl , on n'attends plus que toi...

26 mai 04 16h47
Maogirl
lol! Patience, il faut déjà que je j'écrive la fin...
