12 nov. 04 12h16
Zarno

Chtit début de nouvelle qui m'ai venu à l'esprit cette nuit, m'enfin j'en fais jamais, jsais pas ce que ça vaut trop...
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Le totem de Kaël
- Et si je me réveille ça fait quoi ?
- Non, reste où tu es, ne me quitte pas !
- J’ai peur tu sais, je ne sais pas si je le verrais venir…
- Je sais. Ecoute, ne bouge pas et attend, tu finiras bien par le voir.
- Si tu le dis, après tout tu dois mieux connaître ces choses là…
Alors il se plongea plus profondément dans ses songes, cherchant le rôle qu’on lui avait attribué. Il était, lui disait-on, prêt à rencontrer son destin comme tous les garçons de son âge et il devait enfin rencontrer son totem qui donnerait à sa vie un sens et un objectif.
Il avait déjà quinze ans. Habituellement la quête initiatique débutait vers l’âge de douze ans, mais son clan avait préféré attendre, le sentant fragile et, murmurait-on, différent.
- Et si je ne trouve rien ?
- Tu ne le peux pas aie confiance.
- Je n’avais jamais exploré mes rêves avant…
- D’habitude les jeunes gens pénétrant la source posent moins de question… cela est sûrement du à ton âge.
- Et puis, qui es tu ?
- As-tu réellement besoin de le savoir ?
- Je ne sais pas… j’aurais moins peur je pense…
- Est-ce un futur guerrier qui s’adresse à moi ou une mauviette timorée ?
- Je n’aime pas la guerre, je ne me battrai pas, je ne comprends pas pourquoi on m’envoi ici si c’est pour faire de moi une personne que je ne reconnaîtrais jamais !
- Arrête de parler, cherche maintenant, et surtout, ne te réveille pas.
Il n’apercevait que des bribes d’images, des fragments d’une réalité qui lui échappait, juste quelques étranges et furtives horizons d’un temps sans doute passé et dont la lumière lui arrivait atténuée et vide de sens. Non, cela était trop dur, il voulait regagner son lit où le bruit du vent ne l’effrayerait pas mais le rassurerait sur la présence d’un toit prêt à le protéger.
Toute sa jeunesse s’était passée ainsi, il s’était toujours senti en sécurité sous le regard plein d’amour de sa mère et son père ne l’avait jamais emmené chasser, se contentant d’un regard humide emplit de désespoir à chaque fois qu’il devait se résigner à ne pas l’emmener avec lui. Le shaman Dorian avait été clair, Kaël n’était pas fait pour la chasse, encore moins pour la guerre et devrait rester à l’abri tant que le rite ne serait pas célébré.
Et enfin le jour avait été choisi, Dorian avait eu la vision que tous attendaient, avec trois ans de retard, mais si puissante que le vieux shaman en avait été troublé. Enfin Kaël saurait ce qui le différenciait tant des autres enfants du village et pourrait, l’espérait il, vivre normalement et comprendre pourquoi cette différence qu’il ne percevait pas l’avait si longtemps tenu à l’écart des autres.
Les images se firent soudain plus claires. Il voyait les falaises surplombant le village et le soleil se couchant comme s’il s’agissait de son dernier adieu au ciel. S’en suivit un orage, tonnant malgré l’absence de nuage, annonçant une pluie, chaude et écarlate, le sang de milliers d’âmes dont les corps avaient autrefois étés brûlés lors de la grande guerre du Shimarva. Il n’en avait jamais entendu parlé et pourtant il le savait, il comprenait la détresse et la souffrance de ces âmes perdues qui erraient autour de lui en même temps que leur sang imprégnait son corps. Il se sentit alors submergé par cette détresse, envahit par le poids de siècles sans espoir ni repos, enfermé dans le schéol éternel d’où aucune n’avait pu se sortir. Il s’agenouilla au milieu de la plaine calcinée où aujourd’hui se trouvait son village. Ecrasé de douleur qu’il était, il n’arrivait pas à contenir ses larmes qui se mêlaient ainsi à celles de sang qui ruisselaient partout sur son corps…
A suivre…
19 nov. 04 02h38
Zarno

Il ne voulait pas y croire, ni y succomber, malgré tout il lui était impossible de se détacher de cette atroce réalité qui rendait sa propre existence si fragile et si risible qu’il alla jusqu’à s’en oublier.
- Hey ! ne va pas trop loin !
C’est cette voix, sans doute, qui empêcha son corps et son âme de se détacher à jamais.
Tremblant et ruisselant de sueur, il ouvrir les yeux pour la première fois de la nuit pour découvrir ce qu’aucun avant lui n’avait pu voir : Jamilia, nymphe des bois d’Orgorn.
- Que… qui êtes vous ?
- Et bien Kaël ! Tu vas me vexer ! Je suis avec toi depuis le début de ta quête et tu oses me demander qui je suis ? Dorian avait raison, tu n’es vraiment pas comme les autres…
- Dorian ? vous… vous connaissez le vieux shaman ?
- Bien sur idiot ! Je suis une nymphe, c’est moi qui guide tous les aspirants dans leur quête !
- Alors… alors pourquoi ne vous a-t-on jamais vu ?
- Personne ne me voit jamais, hormis le shaman de la tribu, chacun se dit que je ne suis qu’un esprit de plus, ou alors une hallucination passagère due au jeun important que nécessite la recherche du totem. Mais moi, je vois le rêve de tous et je connais cette tribu comme si elle était la mienne.
- Moi je vous voie.
La créature des bois parut choquée par cette révélation, si bien que pour en contrôler la véracité, elle s’approcha du jeune garçon jusqu’à le regarder droit dans les yeux. Kaël ne savait comment réagir devant la beauté nue d’une créature si peu ordinaire et la manière dont elle le scrutait n’en était pas moins déconcertante.
- Cela n’est pas normal… tu es alors vraiment si différent… ou alors tu serais… non… ce n’est pas possible… et j’ai vu ton rêve comme tu l’as vu toi-même, à vrai dire il est tout sauf celui qu’aurait du rêver l’Endenior…
- L’Endenior ?
- Le Messie, celui qui apporte la paix et le message de l’avenir, Dorian aurait mis sa main au feu qu’il s’agissait de toi… mais apparemment, vu ton rêve, ça n’est pas le cas…
- Pourquoi ai-je vu Shimarva ? Et comment puis je savoir qu’il s’agit de Shimarva dont je n’ai jamais entendu parler ? Et pourquoi cette souffrance ? Où était mon totem ? Je ne comprends pas…
- Oh ça va ! Arrête tes questions ! J’ai vu la même chose que toi et je n’en sais pas beaucoup plus !
- Oh… Jamilia… que dois je faire ?
- Tu… Hey ! Mais comment connais tu mon nom ?
- Je ne sais pas…
Un silence de songes s’abattit alors sur la forêt, assis face à face, Kaël et Jamilia se dévisageaient comme si l’avenir du monde dépendait de leur confrontation. La confusion de la nymphe ne faisait qu’attiser la crainte que ressentait le jeune garçon.
Enfin l’aube finit par se lever et on entendait déjà au loin les cors et les chants annonçant les réjouissances prévues pour célébrer la fin du jeun et de la quête d’un nouveau chasseur au sein de la horde, sauf que ce dernier se sentait encore moins prêt à affronter la vie que la veille…
26 mars 05 12h15
isis

Quand tu ne seras plus...
Des heures, des nuits à attendre son réveil. Tout le poids de sa vie tient au fils de sa respiration, au vas et vient de sa cage thoracique. Etre maman, maman d’un être où coule le sang, ou croissent les chairs. Maman d’une âme à l’abandon, d’un esprit silencieux. Elle donne de son temps, de sa vie et de ses larmes pour venir, ici, le voir tous les jours. Jamais ne le laissera seul. Impossible séparation malgré le non retour des émotions.
Depuis ce jour, depuis l’accident, elle ne s’est même jamais posée la question. C’est une évidence : attendre, attendre LE jour du réveil, le jour du premier regard et du sourire tant espéré.
Depuis cette minute où tout a basculé, la route humide, un stop effacé…elle pouvait passer, elle le croyait. Perpendiculaire de tôles encastrées, il est mort, non, juste blessé...mais inconscient : coma léthargique, coma silencieux et sans artifice. Le coma des morts qui respirent encore, comme par magie, magie de l’électronique et d’un accordéon de plastique. Il joue la musique du souffle de la vie, douce respiration incontrôlable et fantastique. Elle, elle y croit encore…Et se plait à penser qu’il reste acteur de ses gestes, et que son silence est volontaire…comme s’il avait besoin de faire une petite sieste, juste quelques minutes et qu’il se réveillerait, la mine réjouie et reposée. Elle n’est pas folle, n’en croyez rien, juste dépendante de sa vie, aussi stérile soit elle. Dépendante de lui, de son Eternel.
Comme tous les jours, elle rentre chez elle, la mine grise et fatiguée. Les portes grincent, le plancher craque, trois mois sans chauffage n’a rien arrangé. Elle dépose sur la commode le courrier humide, resté trop longtemps figé aux aléas des intempéries. Elle l’ouvrira plus tard, au risque d’y découvrir, pour la quatrième fois, une lettre étrange comme celles des dernières fois. Ses fonctions d’éditrice lui permettent à loisir de découvrir régulièrement de nouveaux écrits, que de jeunes artistes osent envoyer chez elle. Mais il y a trois mois, le courrier se faisant de plus en plus rare ; elle s’était empressée de décacheter une enveloppe jaunie, marquée de son nom et de son prénom, au destinateur inconnu. D’une main et d’un regard fébriles, elle lut quelques lignes criantes de vérité. Sous forme d’un récit elle découvrit la vie d’une femme qui lui ressemblait étrangement : à quelques détails près : son nom n’était pas le même, et les détails physiques étaient bien trop enjolivés pour n’être que sa description. Mais l’histoire lui plut. Elle se laissa alors emporter ce soir là par les effluves romanesques de l’héroïne qui rencontrait l’amour en quelques lignes, quelques pages de baisers goulûment échangés et de peaux mêlées. Mais sans plus se poser de questions, referma le parchemin, en se demandant vaguement qui en était l’auteur, ayant oublié de se nommer. C’est aussi ce soir là qu’elle rencontra un homme à l’occasion d’une soirée…De baisers et de peaux mêlés...Etrange coïncidence que la vie, mais il lui en fallait plus pour défier le hasard. Elle n’y pensa plus, et, d’ailleurs, à lui non plus...
Puis de jours en jours, différents courriers vinrent s’ajouter au premier. De plus en plus troublée, elle y vit sa propre vie, au fil des pages et des mots désignés, et subtilement choisis pour transcender les événements que son esprit vivra, comme à chaque fois, quelques heures plus tard. Elle y lut la mort de son Trésor, trésor aux pattes de velours… Dans la lettre l’héroïne perdait son chien, elle de sa vie ne se remettra jamais de la mort de son chat...de son Trésor et à travers lui d’une partie de son or. Puis vint se fameux soir, où, déjà affaiblie par une journée difficile et tortueuse, elle dû retrouver sa mère. Un rendez-vous pris dans l’après midi, qui la charmait peu, comme d’habitude...Etrange angoisse à l’idée de la retrouver. Mais ce soir là, la lettre qu’elle reçue, précédant la rencontre, la fit rêver, voir se tordre de rire au pied du mur de ses fantasmes oedipiens. La douce héroïne, de ses mains féminines et délicates, assassinait tragiquement l’objet de sa création en la poussant dans les escaliers. Elle jubilait à l’idée de terminer la soirée de cette manière si radicale et si excitante. Mais, elle se ressaisit rapidement...pensa à son fils…se raccrocha à la vie, et au peu qu’il lui restait, pour finalement passer une soirée attendue, tendue et déprimante, comme d’habitude en rentrant chez elle défaite de tant de reproches et de vexations. Mais tant pis, la vie étant ainsi faite…elle ne se posa plus de question, ni sur ce rendez-vous, ni sur cette lettre de morbide vision. L’oracle n’aura pas lieu ce soir...
Pourtant, un mauvais pressentiment... une impression difficile à croire et à expliquer...Un coup de téléphone le lendemain matin la fit sursauter...l’hôpital...une urgence…son fils allait mal...très mal.
Elle gravit les marches encore humides de rosée, poussa la porte d’une force surhumaine, complètement dépassée par ses émotions et son imagination. Mais tout était calme, très calme...trop calme. Personne dans les couloirs, aucune effluve de présence autre que la sienne, et que l’étrange essence qu’elle suivait et qui la mena devant la porte. La porte de l’inconnu, la porte de la chambre. Elle savait déjà, à ce moment là, qu’elle la franchirait pour la dernière fois... Le silence la troubla quand elle entra… L’espace de la pièce n’attendait que ses cris pour exister. Mais elle ne cria pas. Son fils assis sur son lit, lui tendait les bras. Elle s’assit près de lui, le regarda dans les yeux. Etrangement le bonheur de le retrouver était une émotion impossible à admettre. Trop de questions. Il la regarda, au plus profond de son âme la regarda, et lui dit ces quelques mots : « A jamais, toi et moi, nous dépendrons l’un de l’autre...A jamais, toi et moi, comme depuis quelques temps, nous ne ferons plus qu’un ». Elle leva les yeux, chercha ceux des autres présents dans la pièce, personne ne releva...Elle vit même des larmes couler sur les joues des soignants. « Mais non, ne pleurez pas, regardez, il est là, il parle, il est vivant !!!! » Quelques secondes suffirent à ses bras pour lâcher prise et laisser tomber, allongé, le dernier fil de sa vie. Son fils gisait, encombré de plastiques et de souffrances. Il était mort. Des heures auprès de son lit n’y changeront rien. Poussée par la fatigue, le dégoût et l’obsédante pensée morbide qui ne la quittera plus, elle décida de rentrer chez elle. Plus rien ne la retenait maintenant. Une fin délicate et sensuelle, elle y pense déjà. Elle s’était tant de fois préparée à tout ça...qu’un seul geste suffirait à la rendre Eternelle elle aussi...à l’amener près de lui.
Après avoir parcouru sa maison, les pièces vides de sens, et toute sa condition, elle décide d’aller se coucher. S’endormir la fera oublier. Peut être qu’à son réveil se rendra compte qu’elle avait rêvé. Dans les draps de sa tristesse et de ses larmes elle s’endort...à jamais elle s’endort...tenant dans sa main, serrée, chiffonnée au milieu de son poing, la dernière lettre, celle qui était restée dans l’entrée et que nous avions presque oubliée, sur laquelle en contre-jour, nous pouvons lire, écris à l’encre noire et sans parfum, les lettres douloureuses du mot « FIN ».
Isis
*** 26 mars 05 16h07 : message édité par isis ***